Un refus ou un ajournement de naturalisation peut surprendre les candidats, car les motifs ne sont pas toujours évidents au premier regard. La naturalisation par décret relève d’une décision discrétionnaire de l’État, comme le prévoit l’article 21-15 du Code civil, ce qui signifie que l’administration évalue l’ensemble du parcours du demandeur avant de se prononcer (C. civ., art. 21-15).
Cet article identifie les causes les plus fréquentes d’un refus ou d’un ajournement et présente les solutions envisageables pour améliorer un futur dossier ou exercer un recours lorsque cela est pertinent.

Causes administratives et documentaires
Dossier incomplet ou incohérent
L’une des causes les plus fréquentes d’ajournement réside dans un dossier incomplet, des documents manquants ou des incohérences entre les pièces. L’administration doit pouvoir vérifier chaque élément relatif à l’état civil, au séjour, à la résidence et aux ressources.
Lorsque les documents sont étrangers, leur authenticité peut nécessiter des vérifications plus longues. Si ces vérifications restent incertaines ou révèlent des incohérences, un refus peut être prononcé.
Absence de preuves suffisantes de résidence ou de ressources
La naturalisation par décret exige une résidence stable et continue en France. Lorsque les justificatifs ne permettent pas d’établir une présence régulière ou une stabilité financière, l’administration peut estimer que les conditions ne sont pas remplies.
Cette situation concerne notamment les demandeurs ayant des périodes de séjour non justifiées, des ruptures professionnelles fréquentes ou une absence de documents sur certaines périodes.
Motifs liés à l’intégration et à la langue
Niveau de français insuffisant
La maîtrise du français est une exigence légale découlant de l’article 21-24 du Code civil (C. civ., art. 21-24). Un niveau inférieur au niveau B1, ou l’absence d’un justificatif reconnu, constitue un motif habituel d’ajournement.
Lors de l’entretien, la compréhension orale, la capacité à s’exprimer clairement et la maîtrise des bases de la langue sont évaluées.
Connaissance insuffisante des valeurs de la République
L’administration vérifie que le candidat comprend les principes fondamentaux de la République, les droits et devoirs du citoyen et le fonctionnement des institutions françaises.
Des réponses trop approximatives ou une difficulté à expliquer certaines notions essentielles peuvent révéler une assimilation insuffisante. L’article 21-24 précise en effet que l’acquisition de la nationalité suppose une « assimilation à la communauté française ».
Motifs liés au comportement et au casier judiciaire
Antécédents judiciaires ou comportement incompatible
L’administration consulte les casiers judiciaires français et étrangers. Des condamnations graves, récentes ou répétées peuvent justifier un refus.
Même en l’absence de condamnation, un comportement jugé incompatible avec l’intégration — manquements aux obligations administratives, fraudes, violences ou incidents répétés — peut peser sur la décision.
L’instruction tient compte du comportement global du demandeur et de sa capacité à respecter les lois françaises.
Solutions possibles après un refus de naturalisation
Comprendre précisément le motif du refus
Le courrier de refus ou d’ajournement détaille les raisons pour lesquelles la naturalisation n’a pas été accordée. Il est essentiel d’en analyser chaque point : certaines remarques concernent des aspects documentaires faciles à corriger, d’autres nécessitent de véritables améliorations de la situation personnelle.
Un ajournement précise souvent un délai minimal avant de redéposer une demande, ce qui permet de préparer un dossier plus solide.
Améliorer la situation avant une nouvelle demande
Selon les motifs évoqués, plusieurs actions peuvent être pertinentes : consolider la maîtrise du français, stabiliser sa situation professionnelle, compléter les justificatifs de résidence, apporter des documents d’état civil plus fiables ou démontrer une plus grande implication dans la société française.
Dans certains cas, quelques mois suffisent pour améliorer un point particulier ; dans d’autres, un délai de plusieurs années peut être nécessaire.
Voies de recours possibles
Après un refus, un recours gracieux peut être adressé au ministère de l’Intérieur. Un recours hiérarchique peut également être déposé. Ces recours doivent s’appuyer sur des éléments nouveaux ou sur des arguments démontrant que l’appréciation initiale était incomplète ou erronée.
Dans certains cas, un recours devant le tribunal administratif est possible. Il suppose toutefois une étude précise de l’intérêt à agir et des chances de succès, compte tenu du caractère partiellement discrétionnaire de la naturalisation.
Ce qu’il faut retenir
Un refus de naturalisation ne signifie pas que l’accès à la nationalité française est définitivement fermé. Il met en lumière des points à clarifier ou à renforcer, qu’il s’agisse de la langue, de la stabilité du parcours, de la fiabilité documentaire ou du comportement général.
Comprendre les causes les plus fréquentes et anticiper les attentes de l’administration permet de déposer une nouvelle demande plus complète, plus cohérente et mieux alignée avec les exigences légales.




